Le Symbolisme de l’Attraction

dans l’image du Cœur

 


 

 

 

 

 

Le cœur et le centre de gravité


Il y aurait beaucoup à dire en rapport avec symbolisme du Coeur, et nous vous renvoyons à notre site “complémentaire” Regnabit, pour un développement en profondeur du sujet.

Toutefois, en rapport au thème principal de ce site, qui est la notion de Centre du Monde, il nous a semblé utile et intéressant de développer ici le symbole particulier de l’attraction, en mettant en parallèle les analogies du monde physique et du monde symbolique.

En effet, il est intéressant de noter la relation entre la force de gravité et l’attraction amoureuse, dans sa connotation mystique : la force de gravité a comme effet de rendre ce qu’elle attire vertical, mais aussi de faire orbiter des objets autour d’un Centre. Une gravité infinie a même, en théorie, le pouvoir de réduire l’espace à zéro dimension, c’est-à-dire de ramener l’espace à l’état non créé du Principe (voir l’exemple connu et purement mathématique des trous noirs, en cosmologie). Cette force de gravité, source de verticalité est un symbole que l’on retrouve tout particulièrement en gnomonique avec le cadran solaire et l’heure du midi, qui est l’heure où le soleil est à la verticale de la surface de la terre et où toute ombre disparaît. C’est aussi le symbole du fil à plomb que l’on retrouve en maçonnerie, mais aussi du pendule (et même de la pendule à balancier). La voie de la verticalité étant la voie de l’initiation, on peut donc s’attendre à voir dans le phénomène de l’attraction un symbole puissant, toujours en rapport avec le Centre du Monde de la tradition primordiale.

Dans l’image de l’objet qui orbite autour d’un centre de gravité, on retrouve ainsi le symbole du cercle pointé, symbole du Soleil.

Or il est frappant de remarquer qu’en iconographie, un cœur est souvent représenté comme étant le centre d’un cercle, qui en christianisme sera symbolisé par la couronne d’épines. Il s’agira en alchimie de la quintessence, ou cinquième élément au centre de la création.

Le cœur, moteur du corps humain, peut alors aussi être mis en analogie avec le centre de gravité qui est à la source de la force centrifuge qui maintient les planètes en orbite autour d’un soleil, moteur donc de l’univers par extension.

On peut donc conclure sans se tromper que par analogie, l’Attraction Amoureuse est une force primordiale en matière initiatique car elle tourne le questeur vers le Principe, par effet de gravité.

 

 

Le cœur et l’ « orientation »

 

En soulignant le fil à plomb et la gravitation, nous avons en réalité fait mention d’orientation. Il s’agit en effet d’une des particularités de l’attraction. Reprenons notre analogie avec le monde physique et remarquons qu’il existe deux repères immuables sur Terre : le pôle Nord magnétique, vers lequel l’aiguille aimantée du compas est attirée, et auquel on peut associer l’étoile polaire (même si en réalité le pôle magnétique est sensiblement différent du pôle géographique, mais cela ne compte pas en symbolisme) ; et le centre de la Terre qui est la source de la force de gravitation. Pratiquement le premier permet une orientation horizontale en en déduisant les quatre points cardinaux, et le second permet une orientation verticale en départageant le haut du bas.

En matière initiatique, l’ « orientation » (en d’autres termes « tourné vers l’Orient », source de lumière, avec l’analogie du soleil levant) est capitale comme le souligne l’Adepte Philalèthe qui cite les bienfaits du « mercure dont le centre se tourne avec passion vers le Pôle afin que l’alchimiste dirige sa route par la vue de l’étoile du Nord, que notre Aimant […] fera apparaître ».

Ce texte alchimique, codé, semble pourtant bien faire allusion ici à une orientation intérieure, et à une attraction de l’Aimant (le Cœur) vers un pôle (le Principe divin). On remarquera aussi l’allusion à la « passion » qui nous fait penser à celle du Christ et à la couronne d’épines que nous avons mentionnée précédemment.

 

 

 

Le Coeur et la Croix

 

Il faut noter combien le symbolisme de la croix, que nous venons de voir avec les points cardinaux, mais aussi par extension les quatre éléments, peut être associé à la notion du cœur et de l’attraction. Deux exemples parlerons d’eux-mêmes.

Tout d’abord, le signe de croix chrétien se fait de façon à ce que le cœur soit invisiblement mis en évidence, à l’intersection du signe « du quatre inversé » qui est effectué en se touchant le front, le plexus solaire et les épaules.

Nous ne pouvons d’ailleurs nous empêcher d’y retrouver là certaines des marques de maîtrise de certains marchands, comme celles récensées par l’érudit Louis Claude Charbonneau dans la revue Regnabit, dans les années 1920.

Si l’on devait douter de l’existence d’un ésotérisme chrétien, cet exemple en prouve assez le contraire. De même, de nombreuses gravures alchimiques montrent le cœur, en tant que quintessence, à l’intersection de la croix séparant les quatre éléments. C’est ce même cœur qui est indiqué lors de la crucifixion du Christ par l’intersection de la croix, et la blessure au flan effectuée par la lance de Longinus. Cette blessure est toujours à chaque fois représentée directement sur le sacré cœur.

Il s’agit de l’ouverture du cœur, de la mise sur la voie cardiaque. Le cœur devient centre, centre du monde et donc source de gravité et cible des flèches de l'inspiration divine. Cette gravité, nous l’avons vu, par analogie est source d’attraction envers le Tout (en grec en Un le Tout, Entopan, est le surnom de l'Ourobours, le serpent qui se mord la queue).

Notre deuxième exemple sera aussi emprunté au symbolisme de la messe, en la matière de l’eucharistie. L’hostie, présentée comme le CoRps du Christ (noter l’homophonie en cabale phonétique avec le CœuR du Christ) est unie à la Coupe qui est aussi un symbole du cœur, et qui contient le vin, qui est le sang du Christ (là aussi, un lien direct avec le cœur). Une fois cette opération effectuée dans le recueillement, le prêtre élève la coupe et la place devant lui, à la hauteur de son cœur. Il s’agit là encore d’un rituel chrétien complètement ésotérique et à forte signification symbolique. On la retrouve aussi avec le Graal, qui peut être vase cardiaque.

   

La voie du Cœur

La Voie du Cœur, en tant que philosophie ou mystique universelle (on la retrouve en effet dans toutes les cultures dans le monde), c’est avant tout se détacher du monde matériel et de ses désirs, et de se laisser attirer et guider par le Principe. Et paradoxalement, la voie du cœur passe par le détachement (égo, avoirs, sentiments, …). L’Amour est ainsi la force qui dirige le retour à l’unité. Le moi individuel suit une évolution analogue à celle de l’univers : la recherche d’un centre unificateur, irrésistible une fois sans attaches. Cela relève aussi de la symbolique générale de l’union des opposés.

Notre cœur est ainsi à la fois médiateur entre le Ciel et la Terre, et réconciliateur. On l’associe d’ailleurs toujours avec une étoile à six branches, qui possède ce même symbolisme de médiation, à cause de ses deux triangles opposés, l’un dirigé vers le haut, l’autre vers le bas. On le retrouve même ainsi représenté en Orient avec la représentation du Chakra du Cœur (voir image de gauche). Cette étoile à six branches, c’est par exemple l’étoile des rois mages, celle qui les dirigent vers le Christ par « attraction » ou par « orientation ».

C’est aussi celle que l’on place au centre de l’ourobouros, ce qui nous redonne notre cercle pointé, ou point d’O. Il y aurait tant à dire sur ce symbole. En alchimie, on retrouve cette étoile tenue par la Nature personnifiée. Des cherchants se guident sur les traces laissées dans le sable par la Nature. Cette étoile est l’Orient des cherchants.

Nous disions donc que le cœur est ainsi à la fois médiateur entre le Ciel et la Terre, et réconciliateur. Car en effet, comme tout aimant il exprime à la fois la dualité (le battement du cœur est fait d’aspiration et d’expiration du sang), qui est affaire d’opposition, mais surtout, à un état plus avancé, le dualisme dont notre Moi est fait et qui est affaire de complémentarité (les deux phases du battement du cœur sont inhérentes et dépendent et entraînent chacune l’autre).

Par analogie avec les lois du magnétisme, tout aimant est ainsi un dipôle et existe justement du fait de ce dualisme inhérent.

Or la particularité des aimants est que les pôles contraires s’attirent et que les pôles similaires se repoussent. Plutôt que de les considérer comme des opposés, ce qui nous amènerait à parler de la dualité, il sera plus exact de parler de dualisme et donc de complémentarité.

Le fait est qu’un pôle ne peut exister sans l’autre. C’est conceptuellement impossible. Il faudrait, en théorie pour résorber la pôlarité, que l’aimant soit réduit à un point. A ce moment le dualisme disparaîtrait et nous retrouvons là l’analogie avec la réintégration vers le Principe, but ultime de tout quête du Graal initiatique.

Sous une autre forme, le Dualisme exprimé par l’aimantation est parfaitement imagé par des jumeaux enfantés qui sont les deux facettes d’une même réalité. Ainsi Latone enfante Diane et Apollon, qui sont aussi la Lune et le Soleil, Léda enfante Castor et Pollux, la louve romaine nourrit Romulus et Rémus, etc…

 

Il restera une dernière remarque à faire sur l’Attraction Universelle. C’est que lorsque le Cœur s’ouvre sur le chemin intérieur, il semble en pratique qu'il agisse aussi comme un aimant dans le monde physique. Qui n’a pas expérimenté, lors de recherches particulières sur un sujet hermétique ou spirituel, ces coïncidences, ces synchronicités, ces intuitions divinatrices ? Clins d’œil du destin pour le cherchant, elles sont la preuve qu’en se transformant, il transforme aussi le monde.

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Coeur_attraction.zip (407 kb) - 20 octobre 2001