L'ordre du Christ de Portugal

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II



II n'entre pas dans le cadre restreint de cette esquisse de nous étendre davantage sur les templiers ; qu'il nous suffise de dire que leur histoire est intimement liée a la création et au développement du royaume de Portugal.

Ce royaume fut fondé par Henri de Bourgogne, neveu d'Hugues Capet, qui avait été chercher aventure en Espagne. II était né vers 1035 et était petit-fils de Robert Ier. En 1072, il épousa une fille naturelle d'AIphonse VI, roi de Castille, qui le créa comte de Porto en Portugal, place qu'il avait conquise sur les Maures; ce fut le berceau de la monarchie portugaise. Elle se compose aujourd'hui de deux parties bien différentes : le Portugal proprement dit, habité par les Galiciens de race celtique, et les Algarves de l'ancienne Lusitanie dont la population a toujours été mauresque ou punique ; aussi avait-elle accepté l'islamisme avec enthousiasme, et les chrétiens de la Galice durent la reconquérir pied à pied. Ce fut l'oeuvre des templiers associés à la dynastie bourguignonne.

L'ordre du Temple fut introduit en Portugal dès sa création, car le premier grand maître portugais fut Guillaume Ricardo, qui remplit ces fonctions en 1126, c'est-à-dire deux ans avant le concile de Troyes, qui approuva les statuts des templiers. Sous la maîtrise d'Hugo de Martordo, en 1147, les templiers se distinguèrent à la prise de Santarem, qui leur fut donné par Alphonse Henrique, et ils prirent une part non moins importante à la conquête de Lisbonne, l’année suivante.

Ce fut sous la maîtrise de Gualdim Pais que lùordre prit, en Portugal, tout son développement. Ce chevalier avait longuement guerroyé en Palestine ; en 1159, le roi Alphonse Henrique, pour le récompenser de son vigoureux concours, fit don à son ordre du château et du territoire de Cera, près de la ville d'Oliva, fondée sur l'emplacement de l’ancienne cité de Nabance. Son église de Sainte-Marie d'Iria devint la métropole de toutes celles du Temple, en Portugal.

A peu de distance, Gualdim Pais construisit la célèbre forteresse de Thomar, ou du Palmier, dont la plaque de fondation existe encore. Elle est ainsi conçue : « E.M.CLXVIII. Regnante Alphonso illustrissimo rege Portugalis, magister Gualdinus portugalensium militum Templi cum fratribus suis, primo die Marsii, coepit aedificare hoc castellum, nomine Thomar, Cfuod prefactus rex obtulit Deo et militibus Templi ».

« 1198. Sous le règne du très illustre roi Alphonse du Portugal, Gualdim, maître des chevaliers portugais du Temple, commença le 1er mars à construire avec ses frères ce chateau nommé Thomar, que le roi a offert à Dieu et aux soldats du Temple ».

Cette inscription est remarquable en ce qu'elle n'est pas datée de l’ère chrétienne, mais de celle de César, adoptée par la dynastie capétienne de Portugal, qui était gibeline. L'an 1198 de l'ère de César correspondait à l'an 1160 de la naissance du Christ.

Cette ère impériale était autrement désagréable aux souverains pontifes que les prétendues hérésies des templiers, eussent-elles été plus réelles ; car gibelins ou albigeois, c'était tout un, et les albigeois étaient les irréconciliables ennemis de la papauté.

Les Albigeois descendaient des Gebales, venus de Gebel ou Biblos, en Syrie [Note: L'origine moyen-orientale du catharisme est effectivement bien attestée]. Ils adoraient la colombe, que porte encore à leur cou leurs descendantes, au lieu de la croix des héroïnes de Scribe. Constantin, qui était adorateur de Mithra et en transporta le culte à Constantinople, les convertit fort imparfaitement au christianisme. Aussi favorisèrent-ils de tout leur pouvoir les invasions des musulmans, dont les doctrines fatalistes se rapprochaient beaucoup des leurs, et dès qu'ils le purent, ils embrassèrent celle du calvinisme, qui n'est plus chrétien que de nom. Toutes les classes militaires de l'Europe étaient gibelines. Les Capétiens appartenaient à cette race, et c'était ainsi que la dynastie bourguignonne avait importé en Portugal l'ère césarienne, au lieu de l'ère chrétienne. Si les templiers l'employaient, c'est qu'ils ne pouvaient faire autrement.

La chapelle de Thomar, qui subsiste encore dans un état très remarquable de conservation, malgré les adjonctions qui lui ont été faites, est, croyons nous, le seul spécimen qui reste de l'architecture religieuse des templiers. C'est une rotonde octogonale, copiée sur le temple d'0mar de Jérusalem, qui a servi de modèle à toutes leurs constructions de ce genre. Cette rotonde était percée d'une porte unique, à l'ouest. Le centre en était occupé par une colonnade intérieure ; il n'y avait ni autel ni place pour en mettre. Chacun des sept pans de l'octogone était consacrée à une des sept planètes. La porte faisait face à Mercure, oü Hermès, le principe mâle par excellence. Les templiers étaient les ennemis jurés des Iones. Les édifices religieux de ces derniers, assez rares dans le nord de la France, sont reconnaissables par leur orientation à l'est, comme celle du temple de Jérusalem ; mais, le plus souvent, ils rendaient un culte spécial aux vierges noires en bois de merisier, qui se trouvent dans beaucoup de cryptes d'églises romanes. Elles y avaient succédé à Cypris. Dans l'étendard du beaucéant, qui était celui de l'ancienne confédération gauloise, le blanc répondait à la race des autochtones, qui se nommaient fils du chêne, le foncé (bleu, pourpre ou vert), à la race des Iones venus d'Asie. Les premiers habitaient les bourgs, et les autres les chateaux.

Les papes, qui représentaient les cités romaines, s'habillaient de blanc, sauf dans quelques occasions où ils portaient la pourpre, comme pontifes universels. Les Capétiens, en leur qualité de Iones, avaient, pour couleur distinctive, le violet.

Les adversaires des gibelins se nommaient guelfes, de l'allemand wolf, loup. On les nommait ainsi parce qu'ils étaient du parti de la louve romaine.

L'habitude de se diviser par couleurs était générale au moyen âge ; il y avait, chez les musulmans, les Abbassides et les Ommeyades, ou les noirs et les blancs ; il y eut, à la même époque, chez les français, les Bourguignons et les Armagnacs, blancs et rouges ; enfin, il y eut, à la même époque, la rose blanche d'York et la rose rouge de Lancastre.

Etre guelfe n'était pas être nécessairement orthodoxe, ni gibelin hérétique, puisque la papauté fut gibeline tant qu'elle demeura à Avignon et que saint Louis était gibelin. Mais il faut convenir que le nombre des guelfes canonisés l'emporte de beaucoup sur celui des gibelins, et qu'en France les rois gibelins ont été généralement le fléau de leur royaume. Tel fut Louis XV, qui, dédaignant son titre de roi des Francs concédé par le pacte de Reims, a fait frapper, en 1756, des louis d'or avec cette singulière légende : CHRIST REGN VINC IMPERATOR, l'Empereur vaincra le royaume du Christ. C'était une menace de rompre le pacte du sacre qui le liait à l'église catholique. La papauté dut céder et lui accorder la suppression de l'ordre des jésuites.

Philippe le Bel eut la chance d'avoir affaire à un pape fou d'orgueil dont les excès justifièrent les siens. Non moins orgueilleux, il était cependant encore plus cupide, et il consentit à n'occuper qu'une place au-dessous de celle du pape, au concile de Vienne, à condition qu'il lui accorderait la suppression de l'ordre des templiers et qu'ils partageraient ensemble leurs dépouilles. Ce fut pour eux comme l'or de Toulouse. Philippe le Bel mourut à quarante six ans, suivant de près dans la tombe son complice Clément V. Quant à Enguerrand de Marigny, qui s'était signalé par son acharnement contre les chevaliers du Temple, on sait qu'il fut pendu à Montfaucon l'année suivante (1315).

Dans tout le reste de l’Europe, les templiers furent mis en jugement par ordre du pape; mais, généralement, les accusations portées contre eux furent reconnues sans fondement.

Le roi de Portugal, Denys, déclara que, loin d'avoir à s'en plaindre, c'était au contraire à leurs bons services que son royaume devait son extension et sa consolidation. Cependant pour se conformer aux ordres pontificaux, il ordonna une enquête qui fut aussi favorable que possible aux templiers portugais. Aucune preuve de corruption de moeurs, d'hérésie ou d'idolâtrie ne put être fournie contre eux. II est vrai que leur situation n'était pas la même qu'en France ou dans le reste de l’Europe, puisqu'ils faisaient aux Maures une guerre sans trêve, qui ne leur laissait pas le temps de se corrompre dans le luxe et l’oisiveté qu'on leur reprochait ailleurs. C'étaient de rudes soldats d'avant-garde, qui ne s'inquiétaient ni d'hérésie, ni d'idolâtrie. Aussi, le roi Denys ne souffrit point qu'ils fussent persécutés et, lorsque l’ordre fut dissous par ordre du concile de Vienne, en 1312, il se contenta de les prier de quitter leur habit et leurs résidences, dont il prit provisoirement possession. II en résulta une contestation avec le pape, qui prétendait disposer de leurs biens selon son bon plaisir, en donnant le reste aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, car c'était ainsi qu'en avait ordonné le concile de Vienne.

Mais le roi Denys protesta contre une telle usurpation, en objectant qu'en Portugal la majeure partie de ces biens provenait de donations royales, faites sous la condition expresse que les chevaliers du Temple défendraient contre les Maures des terres que, presque toujours, ils avaient conquises sur eux les armes à la main, et que, du moment que l’ordre était supprimé, ces biens revenaient de droit à la couronne.

Le pape n'en fit pas moins don du chateau et de la ville de Thomar à son favori le cardinal Bertrand, mais le roi séquestra, pendant plusieurs années, les revenus des biens des templiers, et finit par offrir un compromis qui fut accepté. Ce fut, au lieu de l’ordre aboli, d'en reconstituer un autre, ayant pour mission de continuer celle des templiers en Portugal, c'est-à-dire de faire la guerre aux Maures et d'étendre, à leur détriment, les limites du royaume.

Cet ordre nouveau devait être investi de tous les biens du précédent, sous le titre de Milice des chevaliers de Jésus-Christ.,

Cette proposition fut ratifiée par le pape Jean XXII, le 14 mars 1319.

Le nouvel ordre reçut pour premier maître dom Gil Martini, et fut inauguré solennellement en mai 1320. II eut pour résidence la forteresse de Castro-Marin, qui faisait face à la côte d'Afrique. La plus grande partie des chevaliers survivants du Temple passa dans le nouveau, y compris son dernier maître, dom Vasco Fernandez, auquel fut alloué la commanderie de Montalvao. Ceux des chevaliers qui, pour divers motifs, n'entrèrent pas dans l’ordre du Christ reçurent des pensions honorables. II n'y eut donc pas d'interruption, et l’ordre du Christ hérita nécessairement de toutes les traditions publiques et secrètes de son illustre prédécesseur. Ces traditions, tout le Portugal, d'ailleurs, en était imprégné ; il a donc pu les transmettre intactes à l’ordre des jésuites et à ces chevaliers du Christ qu'on voit reparaitre tout à coup à Lyon, à la fin du siècle dernier. Ce furent eux qui condamnèrent Louis XVI et lui assignèrent pour prison cette même tour du Temple dont Jacques de Molay était sorti pour aller au bucher. Cette vengeance était préparée depuis cinq siècles.

Cependant il résulte des insignes que le roi Denys donna au nouvel ordre qu'il essaya d'en faire un suppôt des doctrines gibelines de sa race, car le manteau blanc et noir des templiers fit place à un manteau entièrement blanc, couleur préférée du parti lunaire et adopté plus tard par les calvinistes. Le fameux panache blanc d'Henri IV, auquel Henri V attachait tant d'importance, n'était ni l’emblème des Capétiens, qui était violet, ni celui de la France, qui était azur ; c'était tout simplement l’écharpe des huguenots. Denys supprima donc le beaucéant des templiers et remplaça leur croix guelfe par la croix vidée des comtes albigeois de Toulouse, terminée par des croissants. Le pape ne chicana point sur ces changements. La basoche était complètement libre de ses actes, pourvu qu'elles n'attaquât point ouvertement les dogmes du christianisme. Quant à l’ordre lui-même, il ne tint aucune espèce de compte des emblèmes que le roi lui imposait, et nous verrons qu'il fut toujours guelfe, comme l’avait été celui du Temple.

La troisième dynastie française fut tantôt guelfe, tantôt gibeline, suivant les intérêts du moment. Le plus souvent elle fut guelfe, parce qu'elle s'appuyait sur les cités contre les chateaux. Elle inclinait cependant vers le gibelinisme, ou, en d'autres termes, vers le pouvoir absolu, et au moment où elle succomba devant toute l’Europe conjurée contre elle, c'était le gibelinisme qui dominait.

Louis XV remplaça sur ses monnaies l’ancien titre de rex Francorum par celui d'imperator, au mépris du pacte de Reims. Si Louis XVI avait suivi les conseils de Turgot, il aurait supprimé le sacre avec les restrictions qu'il opposait au despotisme, pour lui substituer l’autocratie byzantine.

La crise politique et sociale qui amène fatalement toute monarchie à choisir entre le pouvoir absolu et le pouvoir limité, se produisit beaucoup plus promptement en Portugal qu'en France, parce que la dynastie de Bourgogne eut bientôt conquis sur les Maures la part du territoire ibérique qui lui était dévolue. N'étant pas assez forte pour croquer feuille par feuille l’artichaut ibérique, n'ayant pas encore découvert la nouvelle voie des Indes, elle ne savait plus comment utiliser les ordres militaires qui l’avaient aidée a créer le royaume de Portugal ; de sorte qu'elle commençait à les trouver gênants et ne songeait plus qu'à les supprimer, avec toutes les libertés populaires qui limitaient sa souveraineté.

Aussi, vers le milieu du XIVème siècle, la péninsule ibérique compta trois princes également gibelins, qui tous trois se nommèrent Pierre le Cruel, ou le Justicier.

Celui de Portugal était fils d'Alphonse IV et amant de la fameuse Inès de Castro, que son père fit assassiner. Six ans après, lorsqu'il monta sur le trône, il la fit exhumer et força ses courtisans à lui baiser la main.

Ses meurtriers furent poursuivis et exécutés sans merci. Elle avait été victime d'une conjuration guelfe, à laquelle l’ordre du Christ avait pris une large part. Ce fut même à cette occasion que se forma une société secrète, qui avait pris pour devise: Mort à Inès, et ce fut cette même société qui fut introduite, au XVIIIème siècle, dans le midi de la France, par Martinez Pascalis [Note : ou de Pasqually].

Pierre Ier de Portugal, malgré son surnom de Cruel, fut un prince remarquable, qui gouverna son royaume avec une main de fer, mais il sut être juste.

Son successeur Fernand, ne fut qu'un malencontreux brouillon qui se lança follement dans une guerre contre les rois de Castille, ses voisins. Battu par eux, il fut forcé de donner sa fille Béatrix à Jean Ier de Castille, et il fut stipulé sur le contrat de mariage que si Fernand ne laissait pas d'autre enfant mâle légitime, la couronne de Portugal passerait sur la tête de Béatrix.

Or à la mort de Fernand, la dynastie de Bourgogne n'était plus représentée que par les deux fils de Pierre le Cruel et d'Inès de Castro, déclarés légitimes par leur père, après la mort de leur mère, et un fils naturel, Jean, maître de l’ordre militaire d'Avis.

Les premiers, persécutés par la régente Léonora Tellez, eurent l’imprudence de se réfugier auprès du roi de Castille, qui les retint prisonniers ; Jean d'Avis n'avait aucun droit à la couronne. Mais le peuple de Portugal sentait bien que si elle restait sur la tête de Béatrix, femme d'un roi de Castille, c'en était fait de son indépendance. II se révolta contre la régente et plaça à sa tête le batard de Pierre le Cruel.

Sur la motion d'un illustre théologien, Jean das Regras, qui fit prévaloir la loi du salut public sur toutes les considérations de justice et de légitimité, les Cortès réunies à Coïmbre acclamèrent Jean roi de Portugal. C’était proclamer la souveraineté du peuple, base de la monarchie portugaise, et il est à remarquer que ce furent les initiés de l’ordre du Christ, apporté en France par Martinez Pascalis, qui la proclamèrent également chez nous, il y a un siècle. Dans cette circonstance solennelle, l’ordre du Christ joua, en effet, un rôle capital. Bien que son grand maître fut le frère même de la régente, il prit parti pour Jean d'Avis.

La situation n'en était pas moins critique, car le roi de Castille avait envahi le Portugal avec une armée de trente-six mille hommes, dont six mille cavaliers. Jean n'avait à lui opposer que six mille fantassins et quinze cents chevaux, dont l’ordre du Christ avait fourni les trois-quarts.

Ce fut dans ces conditions, qu'on pouvait croire désespérées, qu'il livra la bataille d'Aljubarrote. Elle dura à peine une demi-heure. Les Castillans tournèrent immédiatement le dos, laissant la noblesse portugaise ralliée à leur cause aux prises avec les troupes de Jean, qui la massacrèrent sans merci. Les Castillans occupaient toutes les places du royaume, y compris Lisbonne. Ils les évacuèrent sans combat, le roi de Castille en tête.

Jean Ier fit honneur de ce triomphe étrange à Nofrre-Dame de la Victoire, dont il avait imploré l’assistance avant la bataille, en lui promettant de lui élever sur le lieu même un magnifique monastère, si elle le débarrassait des Castillans.

Le monastère a été élevé. C'est l’une des merveilles du Portugal [Note: aujourd’hui Bathala]; mais on remarque avec surprise que Notre-Dame de la Victoire n'y occupe qu'une place plus que secondaire, et qu'elle n'y a pas même une statue. Sa chapelle, que rien ne distingue des autres, a été reléguée dans le coin septentrional du transept.

Ce n'est pas la seule bizarrerie de ce luxueux monument. Son plan représente un carré adossé à une clef, qui est l’église. Cette clef est formée de deux lettres L et O superposées. L'église proprement dite a la forme étrange de la lettre L. Sur la lettre O, qui forme l’anneau de la clef, se dresse une rotonde séparée de l’église par un vestibule et n'ayant aucune communication avec elle. Son plan octogone est le même que celui de la rotonde des templiers de Thomar. En un mot, c'est une réduction de la célèbre mosquée d'Omar, batie sur l’emplacement du temple de Jérusalem. Le plan de cette mosquée, comme celui des synagogues, figure l’anneau de Salomon, c'est-à-dire le cercle des jours de la semaine, en réservant la place d'honneur, celle qui fait face à l’entrée, à Mercure, le principe mâle qui correspond à Elohim et à Salomon lui-même.

La place accordée à cette construction, le luxe inouï de sa décoration, indique suffisamment que ce n'était pas à Notre-Dame de la Victoire, mais à Hermès-Elohim-Salomon qu'était dû le triomphe d'Aljubarrote. En effet, la clé représente le Portugal, dont le nom ancien est Calé. Les deux lettres OL signifient en hébreu remporter la victoire. Le reste se devine sans peine et peut se traduire ainsi:

« Le Portugal a remporté la victoire en vertu d'un accord avec les maîtres de l’anneau de Salomon. »

Or, les maîtres de l’anneau de Salomon avaient à leur disposition la plus irrésistible des cavaleries, celle de Saint-Georges, et en ce moment il n'était pas seulement les maîtres de l’Espagne et du Portugal, ils étaient tout-puissants auprès du pape Urbain VI.

Ce furent donc les juifs qui négocièrent avec les papes la conservation du royaume de Portugal, sur le point d'être anéanti par celui de Castille ; mais ce fut à la condition expresse que la nouvelle dynastie renoncerait à ses traditions gibelines et vaudoises. Aussi, dans son épitaphe qui est un véritable testament, le roi Jean déclare qu'à l’avenir les rois de Portugal ne se serviront plus de l’ère césarienne, et qu'à sa place ils adoptent l’ère chrétienne.

C'est la seule clause publique qu'on connaisse de ce traité secret; mais il en est une autre beaucoup plus importante et qui fait le plus grand honneur aux juifs ainsi qu'au pape Urbain.

L'existence d'un royaume de Portugal, qui brisait l’unité ibérique et la brise encore, n'aurait pas été avantageuse à la chrétienté, s'il n'avait eu une mission spéciale. Les Maures ne possédaient plus en Espagne que quelques places dans lesquelles ils ne pouvaient plus se maintenir. Le Portugal, c'est-à-dire l’ordre du Christ qui avaient achevé l’oeuvre des templiers, n'avait plus rien à faire de ce côté, mais les juifs possédaient des comptoirs dans toute l’Asie, jusqu'à la Chine, où ils s'étaient établis dès l'an 136 de notre ère, après les persécutions d'Adrien. Ils devaient fournir à l’ordre du Christ tous les renseignements nécessaires pour faire le tour de l'Afrique et prendre l’islamisme à revers, par la mer Rouge et par l’océan Indien.

Les Portugais ne devaient donc plus s'étendre en Espagne, mais le pape leur abandonnait toutes les conquêtes qu'ils feraient sur les infidèles en Afrique et en Asie.

Chapitre III                        /                    Retour à l'index du site