Les saints aux roses, aux arcs et aux flèches



 

 

 

Introduction

Il a été parlé à plusieurs reprises du symbolisme de la rose, dans les travaux de ce site (voir en particulier le centre du monde), et il a été cité le nom de Sainte-Roseline en rapport avec le Méridien de Paris. Il nous a semblé intéressant, en relation avec une étude future sur Fulcanelli, de présenter les différentes "saintes aux roses" célèbres de l’Histoire chrétienne, de comparer leurs histoires, d’analyser les analogies et d’essayer d’en dégager un symbolisme au final. Nous en profiterons pour présenter quelques autres saints complémentaires comme ceux aux arcs et aux flèches. Bien que la liste des saints qui nous intéressent soit en constante évolution en fonction de nos découvertes, les résultats se révèlent déjà très intéressants...

 

 


Quelques saintes aux roses


Sainte-Elizabeth-de-Hongrie

La plus ancienne des légendes apparemment connue est celle de Sainte-Elisabeth-de-Hongrie.

Élisabeth était la fille du roi André II de Hongrie. Elle est née en 1207.

Dès l'âge de quatre ans, elle est fiancée au fils du margrave Hermann de Thuringe, qu'elle épouse à quatorze ans.

Subjuguée par l'oeuvre de Saint-François-d'Assise, elle consacre sa vie à soulager les pauvres et les lépreux. A vingt ans, à la mort de son mari, elle se retire à Marburg, en Hesse (Allemagne), où elle mène une vie faite d'austérité.

Cette reine de Hongrie est décédée en 1231, à l’âge de 24 ans, après avoir soigné les lépreux. Elle fut canonisée en 1235. On la fête de nos jours le 17 novembre.

Une des légendes miraculeuses qui la caractérisent raconte qu’un jour Elizabeth déroba dans la cuisine du chateau où elle résidait des victuailles pour les distribuer aux pauvres. Suprise par son beau-frère, elle lui dit qu’elle transporte là des roses pour s’en tresser une couronne. Lorsqu’il regarde dans sa corbeille, les aliments se sont effectivement transformés en roses.

On représente Sainte-Elizabeth avec des couronnes de roses. Elle est la patronne des boulangers, des mendiants et des organisations charitables.


Sainte-Roseline-de-Villeneuve

La très ancienne famille de Villeneuve se rendit célèbre en Provence tout d’abord avec Romée de Villeneuve, citée par Dante dans la Divine Comédie, qui fut "Juge de Provence", c'est-à-dire une sorte de Premier Ministre et de chef des armées de Raimond Bérenger IV, comte de Provence. Selon l'historien F.X. Emmanuelli, c'est grâce aux talents de négociateur de Romée que le Comte de Provence put marier sa fille Béatrix à Charles d'Anjou. (Raimond Bérenger IV fut un remarquable marieur, puisque ses trois autres filles épousèrent des souverains, dont Saint-Louis). La famille de Villeneuve sut plusieurs fois nouer des alliances matrimoniales habiles.

Dans ce qui se trouve être de nos jours le Centre Var, dans le pays Dracénois pour être plus précis (observez la racine en DRC, signe du dragon, cela provient de la proximité de la ville de Draguignan), la même famille noble des Villeneuve a possédé le village des Arcs-sur-Argens, et ceci pendant plus de cinq siècles (du XIIème au XVIIème).

Sans pouvoir affirmer aucun lien avec cette famille autre que le nom et des rumeurs, nous nous devons de rappeler, pour l’unité du symbolisme que nous développerons dans notre étude sur Fulcanelli, le nom d’Arnaud de Villeneuve, le célèbre médecin du pape et alchimiste né en 1245 et mort en 1310. Il était membre de la Faculté de Médecine de Montpellier. Il aurait opéré une transmutation alchimique à Rome en 1286. D’aucuns disent que Sainte-Roseline de Villeneuve était sa soeur.


Roseline entra dans l’ordre cartusien à 25 ans puis devint prieure à la Chartreuse de Celle-Roubaud, à quelques lieues du village des Arcs, en pleine campagne, où elle fut la protégée du pape Jean XXII (élu de 1316 à 1334, ce pape a rédigé quelques traités d’alchimie). Elle décéda le 17 janvier 1329, jour où on la fête encore. Le corps de la sainte repose toujours à Celle-Roubaud dans une chasse de cristal.

 

Sa légende est celle du pain, destiné aux pauvres, qui se changea en roses dans son tablier lorsque des gens mal intentionnés l’obligèrent à dévoiler son secret.

Une autre légende rapporte que Louis XIV alla visiter la chartreuse de Celle-Roubaud où le corps de la Sainte-Roseline et surtout ses yeux étaient restés intacts après trois siècles. Pris par le doute de la supercherie, il fit piquer par un médecin armé d’une aiguille l’un des yeux. Il n’y eu plus de doute: l’oeil piqué s’est flétri, l’autre a conservé son intégrité. Sans aucun doute, cette légende doit être décodée au moyen de la langue des oiseaux...

 

Sainte-Germaine-de-Pibrac

La petite Germaine Cousin, originaire du village de Pibrac était bergère, et elle était manchotte (voir l’importance de cette particularité dans notre étude sur les comptines pour enfants). Portant de la nourriture a des plus déshérités qu’elle, Germaine est bousculée par sa marâtre qui lui demande ce qu’elle cache dans son tablier. Germaine craignant sa colère lui dit: "des fleurs" et elle ouvre son tablier d’oú jaillit une cascade de fleurs multicolores qui ne poussaient pas, dit-on, dans la région. Pour la postérité ces fleurs sont devenues des roses.

Le 4 novembre 1644 le corps de Germaine Cousin est retrouvé intact alors qu’elle avait été enterrée plus de 40 ans auparavant, vers 1601. Plusieurs guérisons miraculeuses lui furent attribuées et la petite bergère fut béatifiée le 7 mai 1854 et canonisée en 1867. Sa fête est fixée au 5 juin.

Pour la petite histoire, l’église de Pibrac est dédiée à Marie-Madeleine.

 

 

 

Les saints aux flèches ainsi que quelques déités

Comme il l’a été vu, la flèche pourrait avoir de l’importance eut égard aux analogies avec l’arc que nous avons notées chez Roseline de Villeneuve, ou avec la Méridienne de Paris et Rennes-le-Château. Cela semble se confirmer avec Saint-Sébatien.

 

Saint-Sébastien

Saint-Sébastien est né au début de l’ère chrétienne à Narbonne et fut élevé à Milan. Il devint militaire à Rome mais fut dénoncé pour avoir aidé des martyrs chrétiens emprisonnés. Dioclétien donna ordre qu’il fut attaché à un poteau et percé de flèches. On le laissa pour mort.

Sainte-Irène, qui vint pour l’enterrer, le trouva encore en vie et le soigna. Une fois rétabli, il retourna faire face à l’empereur de Rome, qui l’emprisonna jusqu’à sa mort.

Ce saint fut très populaire dans toute la France car il était invoqué contre la peste. On le retrouve donc presque systématiquement dans toutes les églises.

 

La déesse Diane/Arthémis

Arthémis, fille de Zeus et de Léto, est la déesse lunaire de la chasse et des forêts.

Armée d’un arc et de flèches, Arthémis, ou Diane, se plait à accabler les mortels. Elle est la déesse de la mort subite.

Le tour de passe-passe en langue des oiseaux, utilisée par les hermétistes, consiste ici à utiliser le grec pour faire apparaitre un autre symbole. Justement en grec, Arthémis s’écrit artemiz.

Cette déesse est quelquefois symbolisée par un ours qui se dit justement en grec arktoz, qui donna arctique, et par conséquent tout ce qui concerne le pôle Nord (l’étoile polaire se trouve d’ailleurs dans la constellation de la Grande Ourse). La similitude art... / arkt... expliquant certainement cela.

Arthémis se décline aussi en grec en artemia (to ayinqion): l’absinthe, la liqueur de folie, boisson amère et interdite en France en 1915 car ayant entrainé une trop grande mortalité.

Enfin Arthemis se décline en artemon, la flèche. On retrouve ainsi l’unité, à travers le grec, du symbolisme et de l’iconographie de cette déesse de la chasse et de la lune.

 

Sainte-Colombe

Nous avons choisi de placer Sainte-Colombe et tous les dérivés de ce volatil dans ce chapître sur les saints aux flèches. Pour justifier cela, il sera demandé au lecteur de nous suivre dans l’utilisation de la langue des oiseaux, au moyen du grec ancien comme nous l’ont enseigné les alchimistes.

Artos, même racine qu’Arthémis et presqu’homophone de l’ours en grec, signifie galette. Ce symbole est très précisément décrit chez Fulcanelli, mais nous allons citer cette fois son disciple Canselier, qui nous fournit la matière à réflexion:

p. 142 d’Alchimie, 1978, Ed. Jean-Jacques PAUVERT:

"Le mot fève (vieux francais febve, latin faba) du vocable grec fay, fay, faps, génitif faboz, fabos qui veut dire colombe.

La blanche volatile, messagère de paix, revint à l’arche de Noé, tenant une branchette d’olivier dans son bec.

N’est-ce point, au reste, des mystérieux embrassements de ces mystérieuses colombes de Dianes [...] que se trouve engendré au sein de la galette le purissime nourisson représenté par la fève des Rois?"

Voilà qui est très intéressant car nous retrouvons une analogie "colombes de Diane" (symbole alchimique très hermétique) et "Galette des Rois". La galette étant Diane et la colombe la fève. Mais ce qui nous intéresse dans ce chapitre c’est que Diane (ou Arthémis) signifie aussi flèche en grec et que la colombe dans la Bible est envoyée après le déluge hors de l’Arche pour chercher une terre annoncant la récession des eaux.

La Colombe quittant l’Arche comme la flèche quittant l’Arc de Diane. Comme aussi la "flèche" de la boussole, pointant sur le pôle Nord le long de l’arc de la méridienne. Mais nous y reviendrons dans une autre étude...

Que l’on nous pardonne donc ces jeux de mots avec le grec, et le fait que nous ayons choisi, de part l’unité de ce symbolisme alchimique retrouvé, de placer Sainte-Colombe dans les saints aux flèches. Cela aura son importance dans l’étude sur les comptines pour enfants, et en particulier au sujet d’"Au Clair de la Lune".

 

Sainte-Jeanne-d’Arc

Elle est placé dans ce chapître des saints aux flèches évidemment à cause de son nom.

 

Le héros Pâris

Pâris décocha une flèche dans le talon d’Achille lors de la guerre de Troyes. La flèche de Pâris nous fait bien entendu penser au Méridien de Paris pour des raison que nous exposerons dans le chapître sur Fulcanelli.

De cette blessure, Achille deviendra boiteux. Nous connaissons d’autres saints boiteux, et non des moindres... (Voir à ce sujet la première partie de notre étude sur Les jeux et Comptines pour enfants)

 

 

Les saints boiteux et autres déités

La claudication symbolise la marque au fer rouge de ceux qui ont
approché la puissance et la gloire de la divinité suprême [...]
Dictionnaire des Symboles, article Boiteux

Saint-Roch

Né vers 1340 de parents nobles, à Montpellier, l’enfant vient au monde avec sur la poitrine une tache en forme de croix (une croix sur le coeur, voir notre étude sur le Centre du Monde).

Orphelin très tôt, il décide de partir en pélerinage pour Rome tandis qu’une épidémie de peste ravage l’Italie. Atteint par la peste à Novare, il assume son mal, dont il lui restera une plaie vive à la cuisse, en se dissimulant dans une forêt profonde (blessure qui le rendra boiteux).

Le Seigneur qui l’éprouve le prend toutefois en pitié. Il fait jaillir une source pour lui permettre d’étancher sa soif et de laver sa plaie. Il dirige vers lui le chien d’un noble, le roquet du sire Gothard qui le ravitaille périodiquement en nourriture (observez le jeu de mot évident entre Gothard et Art Goth, ou l’art de parler aux animaux et le fait que seul un roquet pouvait nourrir Saint-Roch, afin de parfaire l’unité de sa légende).

Comme Saint-Francois d’Assise, Roch a le pouvoir de converser avec tous les animaux et de les guérir comme les humains. Il est représenté dans l’iconographie avec de longs cheveux roux (en langage des oiseaux ROUX se prononce ROUQUE = Roch) , un chien (un roquet) à ses côtés et un genou découvert jusqu’à la cuisse, en habits de pélerin. Il est boiteux.

Il est bien évident, après toutes ces analogies, que son histoire fut montée de toute pièce pour satisfaire au jeu du langage des oiseaux, (comme nous l’avons remarqué avec Jeanne d’Arc).

L’image est très similaire à celle de la carte du tarot du Mat, la carte sans nombre.

 

Jacob

Suite à son combat avec Dieu, Jacob deviendra boiteux.

"J’ai vu Dieu face à face et j’ai eu la vie sauve. Au lever du soleil, il avait passé Panuel et il boitait de la hanche"

Genèse, 32, 25-32

Or nous avons rencontré Jacob dans notre étude sur le centre du monde, dans l’épisode du rêve de l’échelle, véritable Axe du Monde (Terribilis est locus iste). Nous montrons dans notre étude sur les Jeux et Comptines pour Enfant que le boiteux est un homme sur le parcours de l'initiation.

 

Vulcain (Héphaïstos)

Comme Jacob après sa lutte avec Yahvé, Héphaïstos est devenu boiteux après un combat avec Zeus pour défendre sa mère. Dans l’Olympe, il est le forgeron, le dieu du feu. D’un aspect gnomique, particulièrement hideux, il boitait des deux jambes après avoir été jeté par Zeus du haut de l’Olympe et s’être abattu sur l’île de Lemnos.

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Saints_roses.zip (49 kb) - 15 décembre 2001